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apprend de cet écrivain, à qui nous devons un des meilleurs ouvrages qui existent dans aucune langue ; ouvrage qui, par le succès qu’il eut dès sa naissance, dut attirer les yeux du public sur son auteur, dans ce beau règne où l’attention que le monarque donnoit aux productions du génie réfléchissoit sur les grands talents un éclat dont il ne reste plus que le souvenir. On ne connoît rien de la famille de La Bruyère[1], et cela est fort indifférent ; mais on aimeroit à savoir quels étoient son caractère, son genre de vie, la tournure de son esprit dans la société ; et c’est ce qu’on ignore aussi[2].

Peut-être que l’obscurité même de sa vie est un assez grand éloge de son caractère. Il vécut dans la maison d’un prince ; il souleva contre lui une foule d’hommes vicieux ou ridi-

  1. On sait au moins qu’il descendoit d’un fameux ligueur du même nom, qui, dans le temps des barricades de Paris, exerça la charge de lieutenant civil.
  2. On ne l’ignore pas totalement ; et l’auteur même de cette notice va citer quelques lignes de l’abbé d’Olivet, où il est question précisément du caractère de La Bruyère, de son genre de vie et de son esprit dans la société.