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aussi bon gosier que bonne langue. À minuit et demie ou une heure on est libre de se retirer. Ce qu’il y a de drôle et ce qui prouve que la science nous rend égaux entre nous, hommes, c’est qu’on y voit cinq à six princes, des ambassadeurs, ducs, etc., qui font une assez triste figure dans un coin du salon où Leurs Excellences baillent tout à leur aise. Le jeune prince de Wurtsbourg se mêle de parler et le fait avec beaucoup de retenue et de justesse d’esprit. C’est la seule Éminence qui soit passable. Pour les autres, chargés de cordons d’Ordres, etc., Elles attendent le thé, boivent, et filent.

On le voit, le monde charme peu Champollion, qui avait cependant une jolie figure, de l’entrain, le tour plaisant et une très solide conversation. Son attrait est tout entier pour l’étude. Il travaille d’arrache-pied, sans cesse. Voici l’horaire de sa laborieuse journée :


Les lundis, mardis et samedis, je vais au Collège de France à onze heures et demie pour y arriver à midi. Je prends demi-heure de leçon d’hébreu. Et à midi et demie je cours à la bibliothèque impériale au cours de M. de Sacy. Les mardis, jeudis et vendredis je vais le matin à neuf heures à son cours de persan au Collège de France, et à trois heures à celui de M. Langlès, et à cinq heures à celui de Dom Raphaël…


Dom Raphaël de Monachis dont il est ici question était un ancien religieux, laïcisé par la Révolution