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L’air de Paris me mine, je crache comme un enragé et je perds ma vigueur. Ce pays-ci est horrible, on a toujours les pieds mouillés. Des fleuves de boue (sans exagération), courent dans les rues, et sur ce je m’ennuie à mourir. Pour me distraire je vais me promener Dieu sait comment, et je baille tout le long : sic status rerum !

Je suis seul. Dans l’état où je me trouve, quoiqu’environné de personnes d’un commerce agréable, d’objets relatifs à mes goûts, je ressens un vide affreux. L’étude et le travail seuls absorbent mon esprit et mes pensées, portent un peu de calme dans mon âme. Ce sera là mon unique remède et ma seule occupation…

C’est surtout le soir, quand je suis seul chez moi et que je me repose un instant, que mes pensées viennent m’assaillir. Il m’arrive quelquefois que les larmes me viennent aux yeux : mais je me mets à travailler tout de suite et m’absorbant tout entier dans mon occupation je parviens à être plus tranquille…


D’ailleurs Paris, ses rivalités, ses jalousies professionnelles, ses intrigues ne l’attirèrent jamais.


J’ai un mépris mêlé d’horreur pour la sale capitale de la France. Que faire au milieu de ces vampires littéraires ? au milieu de ces tripots dégoûtants où l’esprit de parti suffit pour avoir de l’esprit et arriver à la chaise curule ? Plus j’y réfléchis, plus je m’attache à nos montagnes. On y trouve des jaloux, des ennemis même, cela est vrai, mais du moins l’opinion éclairée en fait justice ; et à Paris il n’y a d’autre opinion que celle des