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Scène 5

Roxane, Bajazet

Roxane

Je ne vous ferai point de reproches frivoles.
Quoique je ne sois point avare de paroles.
Depuis que le grand Turc est absent, vous savez
Comme je vous nourris et comme vous vivez ;
Vous savez les mets fins qui chargent votre table,
Vous savez que pour vous Roxane favorable
Osa même braver le décret souverain,
Qui pour un gosier Turc a supprimé le vin.
Avec de si doux soins je n’ai pas su vous plaire !
Je n’en murmure point, quoique à ne vous rien taire
Je n’eusse pas besoin de tous ces grands bienfaits :
À des yeux connaisseurs suffisaient mes attraits.
Mais je m’étonne enfin que pour reconnaissance,
Pour prix de tant de soins qui pansaient votre panse,
D’un assez mince objet ici comme un vrai sot
Vous soyez amoureux, et sans m’en dire un mot !

Bajazet

Qui, moi Madame !

Roxane

Qui, moi Madame !Oui, toi… Voudrais-tu point encore
Me nier un mépris que tu crois que j’ignore ?
Me pousser quelque bourde en faisant l’innocent ?
Abuser la candeur de mon tendre penchant ?