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Tu verrais de t’aimer ton amante orgueilleuse
Te cachant loin des yeux des profanes humains
Chaque jour te verser l’amour à pleines mains,
Pour un trône quitté, te régalant sans cesse ;
Des vins et de l’amour réunissant l’ivresse,
Mes soins sauraient remplir ta bouche de douceur ;
Sorbets, glaces, café, sucre, bonbons, liqueurs…

Bajazet

Ah ! que dis-tu, mon rat, femme aimable et sensible !…

Atalide

Oui mon chat !… mais du sort la rigueur inflexible
Si votre frère vient à tortiller de l’œil
Sans qu’à Roxane, hélas ! vous fassiez plus d’accueil
Votre legs est flambé !… la chose est évidente !…
Mais croyez-vous qu’encor Roxane mécontente,
Par vous mystifiée en veuille rester là ?…
Il lui reste Ibrahim… elle l’épousera,
Et Dieu sait contre nous ce qu’elle saura faire !
Moi-même sans le sou, peut-être à la misère,
D’une vieille il faudra tourniller le chignon
Devenir de princesse, une simple fanchon…
Les romans bien plutôt nous offrent le contraire ;
Le mien ne peut avoir une fin si vulgaire.

Bajazet

Que vous m’attendrissez !… mais si je vous suis cher
Tirez-moi s’il vous plaît votre discours au clair
Vous êtes je le sais passablement jalouse
Que deviendriez vous si Roxane m’épouse ?