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Les plaisirs à sa voix vont en foule se rendre,
Il n’a qu’à se baisser chaque jour pour en prendre,
Mais mon gosier surtout avec ardeur promet
De faire un fier accroc aux lois de Mahomet.
À tire Larigot, comme un nouveau Grégoire.
Du matin jusqu’au soir je fais serment de boire,
Et du meilleur j’entends… sans peine on le conçoit.
Voilà ce que mes yeux trouvent du côté droit…
Mais à gauche, j’entends chanter à ma maîtresse :
Il n’est point de plaisir, de bonheur sans caresse
La meilleure liqueur et le vin le plus fin
Sans le sucre d’amour ne font que chicotin…
Ah ! quels cruels combats ! Déplorable misère !…
Mon cœur et mon gosier en moi se font la guerre,
Et maîtresse et bouteille, et tendresse et bon vin,
Ensemble, tour à tour, se battent dans mon sein :
Dans ce bel embarras, lorsque je m’envisage,
L’âne entre deux boisseaux est ma parfaite image ;
Comment donc m’en sortir !… mettons la main au cœur
Comme il bat !… ah ! bouteille à ton air enchanteur…

(Il se tourne à gauche.)

… Mais tes coups redoublés vont crever ma poitrine !…
Tu l’emportes enfin, ô charmante cousine
C’en est fait.