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Comme un manche à balais planté pour reverdir,
Mon discours le surprend et semble l’étourdir…
Il m’entend de ses yeux, me voit de ses oreilles,
Mais au lieu de parler, le sot baille aux corneilles ;
Il voit mon embarras croissant à son aspect,
J’attends une réponse… il n’ouvre pas le bec !…
Cependant, je l’adore, et le lui dis en face,
Un autre danserait… et lui reste à sa place…
De mon attachement peut-être est-il touché ?
Prince m’entendez-vous ?

(Bajazet fait signe que non.)

(Avec impatience, Roxane continue.)

Prince m’entendez-vous ?Que vous êtes bouché !

Bajazet

Parlez d’une façon moins inintelligible.

Roxane

Je parlais comme parle un cœur neuf et sensible ;
Mais, prince, puisqu’il faut vous parler clairement,
J’use d’un style bref, simple et sans ornement ;
Garde à vous ! Écoutez ; Bajazet, je vous aime,
Il faudra m’épouser de suite, à l’instant même,
Si vous voulez régner… Vous paraissez surpris !…
Cependant, pensez-y, l’empire est à ce prix.

Bajazet

(Toise Roxane et dit avec un geste de dégoût.)

Il est trop cher !

Roxane

Il est trop cher !Ingrat !!!