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ACTE PREMIER


Scène I

Roxane (seule)

Oublions, s’il se peut, les soins de notre empire ;
Pour égayer le temps, amusons-nous à lire ;
Depuis que les combats retiennent mon époux
La lecture remplit mes moments les plus doux.
Ah ! loin de son mari l’épouse solitaire
Peut bien innocemment chercher à se distraire !
Mon terrible Sultan, le superbe Amurat,
A pris depuis un mois le chemin de Bagdad ;
Il va comme un pétard, fondre sur Babylone ;
Il veut venger l’affront qu’on fait à sa couronne.
Prophète Mahomet ! qui fais ce que tu veux !
Seconde mon époux, remplis ces nobles vœux !
Et que frais et gaillard, aux rives du Bosphore
Il vienne retrouver l’épouse qui l’adore !

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Mais je ne comprends pas la plupart des maris

Malgré nos petits soins, nos séduisants soucis
Nos coups d’œil assassins, enfin malgré nos charmes
Au mépris de nos cris, de nos pleurs, de nos larmes,
De nos crispations, de nos tendres soupirs,
On les voit du ménage oubliant les plaisirs,
À l’ardeur des combats abandonnant leurs âmes
Pour aller s’échiner quitter leurs tendres femmes…
Cela ne se fait point ainsi dans les romans :
On n’y trouve partout que fidèles amants,