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Devant le char du Dieu de la lumière,
Vers l’Occident les ténèbres ont fui.
Le doux sommeil a quitté ma paupière
Le triste réveil me rend mon ennui.

Ah ! de Morphée éprouvant la puissance,
Mon triste cœur goûtait quelque repos,
Il oubliait les peines de l’absence,
Et sa douleur cédait aux doux pavots.
L’illusion m’enlevant à moi-même
Portait le calme à mes sens agités.
Songes flatteurs qui m’offrez ce que j’aime
Au jour naissant hélas vous me quittez !

Au sein des nuits votre aimable imposture
Me rend du moins une ombre de bonheur,
Mais le soleil ranimant la nature
Vient dissiper ce prestige enchanteur.
Je voudrais fuir la lumière importune ;
Lent et pensif je parcours nos bosquets
Je reconnais alors mon infortune :
Avec le jour renaissent mes regrets.

Oui, du matin je vois briller l’étoile
Et son aspect chasse l’obscurité,
Pourquoi la nuit en repliant son voile
À l’univers rend-elle la clarté ?
Hélas, en proie au chagrin qui me presse,
Sans ma Rosine il faut passer ce jour !
Vous redoublez mon amère tristesse,
Lieux où naquit le plus ardent amour !