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la bataille des trente

leur agrée, nous reviendrons ici nous battre ; mais il nous faut leur assentiment (Laisse 20, Crapelet p. 23).

Beaumanoir surpris, choqué de cette retraite in extremis, répond froidement qu’il va consulter ses compagnons. La délibération n’est pas longue. Even Charuel tout rouge de colère s’écrie :

— Messire, nous sommes ici trente venus en ce pré garnis de bonnes armes, tout exprès pour combattre Bembro et venger sur lui le mal qu’il fait à la Bretagne et à son noble duc. Malheur à qui s’en ira d’ici sans se battre ou remettra la bataille à un autre jour ! (Laisse 26, Crapelet, p. 23).

Tous les autres applaudissent.

— Vous voyez Bembro, dit Beaumanoir, tous mes hommes veulent se battre ; impossible de remettre la partie. (Laisse 25, Crapelet, p. 24).

Chose étrange, Bembro insiste :

— Vous êtes fou, Beaumanoir. Vous voulez donc détruire d’un coup toute la fleur des barons du duché ! Quand ils seront morts, impossible de retrouver leurs pareils.

— Détrompez-vous, Bembro ; je n’ai point ici avec moi le baronage de Bretagne : ni Laval, ni Rochefort, ni Lohéac ni Rohan, ni Quintin, ni Léon, ni Tournemine, ni les autres grands barons. Mais j’ai avec moi de nobles chevaliers et la fleur des écuyers de Bretagne, qui ont tous juré de vous détruire ou de vous faire prisonniers, vous et les vôtres, avant l’heure de complies. (Laisse 26, Crapelet, p. 24 25).

Bembro riposte, bien entendu, par une hautaine bravade, puis revenant vers les siens, il crie avec rage :

— Les Bretons sont perdus. Frappez sur eux ! Tuez tout et qu’il n’en échappe pas un !

Alors,

D’assaillir, les soixante, ilz sunt tous d’un accord.
(Vers 340, Crap., p. 25)

Et le combat commence.