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sans lui souffler la force de conviction qu’un raisonnement plus serré lui eût sans doute apportée. On jugera à la lecture de ces pages, plus éloquentes que logiques, quels sont leurs mérites et leurs défauts. C’est d’un homme de sens et d’expérience, ce mémoire, d’un esprit qui sait analyser une situation et raisonner une politique ; et si l’écrivain est un peu long par endroits, il a un style net et ferme, et s’entend à concentrer un argument dans une phrase vigoureuse. Il ne devait pas y avoir alors beaucoup d’hommes ainsi maîtres de la langue et capables de la manier avec cette sûreté et cette sobriété dans le ton grave.

Quant au texte, on s’est contenté de suivre le manuscrit, sans en garder l’orthographe et sans prétendre respecter les inadvertances d’un scribe peu intelligent ou inattentif, qui, écrivant sans doute rapidement et sous la dictée, perd souvent le fil de la pensée de son auteur. Ce qu’on a voulu surtout, à présent, c’est donner l’impression d’une œuvre suivie, qui a l’allure, la tenue littéraire, en même temps qu’en fournir un texte acceptable. Pour cela on a essayé de suppléer aux quelques lacunes, peu nombreuses d’ailleurs, par des mots ajoutés entre crochets et qui éclairent, quand