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bien, qu’au sermon d’après-dîner, le prêcheur fit une solennelle prière en français, telle quelle, à lui prescrite par quelques modestes théologiens, comme il serait bien aise de la faire, bonne et sainte, et telle qu’aucun ne s’en saurait plaindre ; et à ces prières, celui qui tiendra le lieu du privé, comme écrit saint Paul aux Corinthiens, répondra Amen ; voire tous les privés, c’est-à-dire tout le peuple, comme dit Justin martyr, en sa seconde apologie pour les chrétiens.

Reste l’administration des sacrements.

Quant au baptême, nous sommes tous d’accord que l’eau seule y est nécessaire et la façon solennelle que Dieu même ordonne de sa bouche, au dernier de saint Mathieu, baptise au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ; voire que l’Église a toujours tenu les Arméniens pour hérétiques, à cause de ce qu’ils estimaient que le baptême n’était pas bon sans chrême. Or, je pense qu’en ce sacrement, il ne faut rien changer de ce qui est accoutumé en l’Église, pour deux raisons : l’une, de tant qu’en ce sacrement qui est l’entrée au royaume de Dieu, auquel nous faisons profession de notre foi et du nom de Chrétiens, on ne peut rien inventer sans impiété, car tout est selon la primitive Église ; de quoi nous ne pouvons, puisque Denis, soit-il l’Aréopagite, soit-il l’évêque de Corinthe, fait expresse mention de