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seront jamais satisfaits, quelle mine qu’ils fassent, sinon qu’on leur laisse une grande domination, un empire spirituel en tout semblable à celui du Pape, sinon en la magnificence qui se voit par dehors. Mais je parle de contenter le grand nombre de ceux qui ont quitté notre Église, où ils avaient été faits chrétiens, pour les scrupules qu’on leur a mis devant les yeux ; de ceux là, veux-je dire, et de la plus grande part, que ce qui les scandalise le plus en notre Église, c’est ce que nous pouvons ou laisser du tout ou rhabiller sans aucun préjudice de notre cause.

Ils ne peuvent souffrir l’usage des images. Pourquoi pense-t-on que ce soit ? Si dans les Églises on n’eût fait autre chose des images, sinon de les tenir comme des autres pierres et l’autre bois, qui eut été si délicat de le trouver mauvais, puisque personne ne se scandalise de voir aux maisons les tableaux, les portraits, les tapisseries, les images taillées ? Mais en autre manière en use-t-on aux temples et autrement dans les maisons ; car, aux maisons, les portraits y sont pour servir vraiment de ce à quoi il convient les employer : c’est ou pour l’ornement, ou pour la mémoire des personnes représentées, ou pour tous deux ; et n’y a aucun qui là porte chandelle aux peintures. Mais aux églises, au contraire, on leur baise les pieds, on y fait of-