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sure bien que depuis huit mois que le Roi a toléré les deux religions, il a autant voulu empêcher les désordres et insolences comme il fera quand elles seront permises ; et s’il l’a autant voulu, pourquoi n’a-t-il eu autant de puissance comme il aura à l’avenir de réprimer les fols ? Car toujours la même cause des troubles qui ont été demeure, et, à mon avis, augmente. C’est la diversité des religions et l’établissement de diverses églises et contraires polices. Pour le respect du Roi, c’était autant à lui de savoir qu’il avait délibéré de tolérer deux Églises comme ce sera les permettre, car il ne laissait pas cependant à empêcher de son pouvoir les maux qui n’ont pu être empêchés.

Le magistrat a fait ce qu’il pouvait, car, voyant bien l’intention du Roi, il a souffert et dissimulé ; mais de garder des insolences, il n’était en leur puissance, ni ne sera.

Ils demandent des temples, et, avec cela, dit-on, il est aisé de les contenter, de tant que c’est la seule cause qui les fait tumulter, comme si les plus grandes insolences et rébellions n’avaient pas été faites par ceux qui ont eu des temples, et depuis qu’ils en ont eu, et cependant qu’ils en jouissaient paisiblement. En Guyenne, en la plupart des lieux, ils en ont pris tant qu’il leur en fallait, il y a neuf mois ou plus, et le Roi