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nion, mais d’une fausse opinion en la religion, en laquelle les moindres erreurs sont plus importantes qu’en un autre fait, toutes les plus grandes fautes du monde ? On ne saurait garder une partie des hommes qu’ils ne pensent que les princes qui approuvent deux religions n’en approuvent pas une ; même que la règle de notre foi est claire [qu’elle] recherche l’homme hérétique après la première ou seconde admonition ; et d’ailleurs l’Apôtre dit qu’on peut bien hanter ceux d’une autre loi toute contraire, mais il défend de vivre avec ceux qui errent en notre religion. Par ce moyen, le Roi ne peut entretenir en ce débat sa conscience et son honneur saufs.

Quand bien il se pourrait dissimuler, encore serait sans doute cette dissimulation pernicieuse. En premier lieu, on ne saurait mieux nourrir inimitié entre nous que de permettre que le peuple se sépare et que nous nous tuions, et au contraire, rien n’est si profitable à la réconciliation que de nous mêler.

Davantage, personne n’ignore que nous n’ayons des voisins grands et puissants ; mais c’est d’une telle grandeur qu’il est impossible qu’elle ne nous soit en tous temps redoutable, et principalement en celui-ci. Et n’y a personne qui ne voit cela et ne connaisse, si on ne veut trop faire l’assuré.