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III


La Boétie traducteur et poète. Son goût pour Plutarque. Il annote le traité de l’Amour et traduit en français les Règles de Mariage et la Lettre de consolation de Plutarque à sa femme. La Boétie et Amyot. Traduction de la Mesnagerie de Xénophon. Ses qualités. On la réimprime au XVIIe siècle. La Boétie poète français. Il traduit en vers un fragment de l’Arioste. Les sonnets de La Boétie. Leurs mérites et leurs défauts. Ses vers latins.


Pour achever de juger la physionomie littéraire de La Boétie, il ne faut point omettre l’examen de ses traductions et de ses poésies, latines ou françaises. Nous allons les étudier successivement. Aussi bien, les unes et les autres nous fourniront des particularités remarquables et dignes d’être notées.

La Boétie était un véritable philologue, il en avait les qualités : l’érudition, la sagacité, la critique. Sa solide instruction le rendait capable des besognes délicates vers lesquelles son goût le portait. Dès sa jeunesse, il s’efforçait de dépouiller les ouvrages de l’antiquité de l’élément étranger que le temps y avait introduit. Certes, si les siècles avaient conservé une grande partie des chefs-d’œuvre de l’esprit hellénique, ceux-ci n’étaient pas demeurés, à travers tant d’années, dans l’harmonieux appareil de leur beauté native. À mesure qu’il se répandait par le monde, bien des scories s’étaient mêlées à ce métal précieux et elles en altéraient la pureté et l’éclat. Maintenant que le génie de Gutenberg allait vulgariser ces travaux encore davantage et mettre à la portée des érudits les plus modestes ce qui avait été, jusque-là, le privilège exclusif des heureux et des riches, il fallait, autant que possible, pénétrer les secrets de la pensée antique, et la reproduire dans tout son charme et toute son intégrité.

Ce fut l’ambition du XVIe siècle, et La Boétie s’y livra lui aussi,