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APPENDICE 40 I M. Louis Audiat, pour qui l’histoire de cette ville oiïre bien peu de secrets, et il n’a pu me fournir aucun détail à ce sujet. La famille Sené est éteinte depuis 1837. Quelque puissant que serait un pareil témoignage, s'il était plus expli- cite, cette indication me semble trop incertaine pour en tirer une déduction précise. Le volume était-il imprimé ou manuscrit? Deux points importants, sur lesquels le catalogue est muet, et qui laissent le champ libre aux suppositions. N’est-il pas à croire, en effet, en l’absence de renseignements plus complets, que le volume conservé dans la bibliothèque du théologal Sené était plus vraisemblablement un manuscrit qu’un imprimé? En résumé, que conclure d’explications déjà si longues? Ainsi qu’on a pu en juger, les raisons de croire à l’existence de la Description du Médoc . ne sont pas péremptoires. D’autre part, les partisans de la non-existence ont noté que toutes les recherches à ce sujet ont été infructueuses, depuis Baurein qui réclamait déjà l’ouvrage en 1784, jusqu’au D' Payen qui n’a cessé de le poursuivre avec une persévérance digne d’un sort plus heureux. De plus, comme le remarque M. Tamizey de Larroque, il est difficilement admissible qu’un livre composé par un écrivain illustre reste si longtemps inconnu de tout le monde, même des amis intimes de cet écrivain, même de tous ses concitoyens, même des plus zélés et des plus consciencieux bibliographes. << Jamais un tel prodige ne se serait vu dans Phistoire litté- raire (6). » Enfin, le D' Payen a relevé, dans sa notice, que le titre même de cet ouvrage otïrait une si grande analogie avec ce vers d’un des sonnets à.«Marguerite de Carle : O Médoc, mon païs solitaire et sauvage, qu’on a pu le forger sur ce modèle, et que cette ressemblance pourrait bien être la source de l’erreur (7). Tout ceci ne laisse donc pas de rendre la question encore plus obscure, et il est impossible, avec des textes aussi peu probants que ceux qui sont invoqués, de se prononcer avec sûreté pour Paiïirmative ou pour la néga- tive. je croirais volontiers cependant, malgré les incertitudes qui abondent, que la Description du Médoc n’a pas été imprimée, et qu’un lecteur ignorant a pris pour le manuscrit d’un nouvel ouvrage de La Boétie ce qui était le manuscrit même de ses sonnets. L’hypothèse est gratuite, je ' ne me le dissimule point; elle paraît assez vraisemblable. je souhaite que la découverte du libelle, s’il existe, soit imprimé, soit manuscrit, vienne la ‘ ` . renverser ou la confirmer. Dans 1’état actuel des renseignements et en face du silence de Montaigne, j’aurais peur, en me montrant trop affirmatif . dans un sens ou dans l’autre; d’enlever légèrement à La Boétie la paternité d’un ouvrage qui est vraiment son œuvre, ou de lui attribuer un travail composé par un autre, comme il est advenu pour la traduction de l’Ec0m>- A mique d'Aristote, laissée si longtemps sous son nom.

) Edition Fcvi-et de Fonterte, t. IV, p. 268.

êé) Rzmizdgr-Bibtiophiler, année r879, ’3o;. Y r 7) None: bxu-bibliographique sur La ame, p. 33. — Cc vers sc trouve dans le XXIV sonnct des Vm françoiv, ci-dessus, p. 283. . Sl