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Mais, comme le remarque fort judicieusement le D’ Payen (1), la publication de cet opuscule ayant été, suivant le P. Lelong, — et si elle a jamais—eu lieu,. -—- postérieure d’un an à la mort de Montaigne, ce dernier ne pouvait guère avoir en vue un livre qui n’avait pas encore paru de son vivant. Dira-t-on que celui-ci le connaissait, sans doute pour l’avoir`préparé lui-même et parce qu’il y donnait ses soins? Comment se fait-il alors, que Claude Morel, qui en 1600, avait pris prétexte de la découverte d’une prétendue traduction de l‘Ec01z0mique d’Aristote par La Boétîe, pour livrer au public un nouveau recueil des autres opuscules de cet auteur, n’ait pas compris dans ce recueil les vingt-neuf sonnets et d’autres poésies. s’il y avait lieu? Or, on n’ignore pas que Claude Morel n’était pas difficile au point de vue des attributions, puisqu’il allait, pour rajeunir ses rossignols, jusqu’a mettre sur le comptew de La Boétie une traduction, qu’il savait bien avoir été faite par un autre (2). Dans de semblables circonstances, le libraire n’eût pas manqué de faire son profit des vers nouvellement publiés d’Estienne de La Boétie. N’est-il donc pas plus naturel de croire, en tout cela, xl une confusion de la part de Mlle de Gournay, qui a pris, après Montaigne, les vingt-neuf sonnets intercalés dans’les’Essais, pour les vingt-cinq sonnets imprimés auparavant, à. la suite du fragment de l’Arioste,—par « son père d’alliance » ?

III. Plus récemment encore, on a trouvé une troisième mention relative à la Description du Médoc, mention manuscrite; il est vrai, mais antérieure par la date à celles du P. Lelong et de l’abbé Baureinl ~Elle est rapportée dans une brochure de Benjamin Fillon, que nous avons eu occasîon de citer au cours de nos recherches (3). Pour elle aussi, nous reproduironà les termes exacts : « Disons en terminant, écrit le collectionneur, que le catalogue manuscrit de la bibliothèque d’un sieur Senné (sic), de Saintes, _ dressé dans le premier tiers du XVIIC siècle, si l’on en juge par l‘écriture, porte la mention suivante: «`Description du pays de Médoc par M. de La Boétie, » sans autre indication de lieu d’impression et deformat. Cc devrait être néanmoins cette Hîsiorique description- du sdliïaire et sawuoge pays de Médoc, imprimée à Bordeaux, chez Millangcs, en 1593; in·12, dont on recherche en vain, ’ depuis si longtemps, un exemplaire. » ` E · · ‘

Le renseignement est vague, comme on lepvoit. Benjamin Fillon n’a pas pris la peine d’identifier le Sené dont il est question ici. Je crois cependant que c’est Nicolas Sené, théologal du chapitre de Saintes, prédicateur du roi, docteur en théologie et qui fut un des correspondants de Guez de Balzac (4). D’après un portrait cité dans la Bibliothèque de la`Fr2uice, Nicolas Sené, qui avait 34 ans en’1620, serait né vers 1586, ce qui s’accorde bien avec la date assignée par Benjamin Fillon à la rédaction de ce catalogue (5). Quant aux destinées ultérieures de la bibliothèque, peut-être importante, que le prédicateur du roi avait assemblée, il m’est impossible d‘en rien dire. J’ai consulté l’érudit et obligeant bibliothécaire de Saintes,

1) Nvlicc Ho-biblivgrqphique mr La Boëfir, p. 4;.

2 Via’: infrd, p:4r9. ·.

3; La devis: d’ExIz’m11z dz La Badi: cg le jurixtzfonlmaisim Pierre ]·`uu:cbi¢r. lsj’2, in·S°.

(4) Louis Audiat, Saint-Pierre de Saintes, calhddmlz ct inxignc l»a.viI:’qu¢. 1871, in-S°, p. 60.