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378 . noms _ avec raison cet exemple de La Boétie du vieux noël gascon Rebeillats bous, maynades, qui débute de la sorte: Sou dit Marie zi soun gouyal : « He Din! mmm hil, gu’a.1 tu troubai, Per gue Ã: si fur! erlounat F sa ((Euures poétiques de Pierre de Brach, par Reinhold Dezeimeris, t. I, p.g46). P. 291, son.VII, v. 1: Los, louange. Montaigne: « Ils attribuoient au rang le los qui appartenoit au merite. » (Essais, l. I, ch. g.) P. 292, son. VIII, v. 6 et suiv.: M. Feugère n’a pas du tout entendu le dernier vers qui est le résumé de tout le sonnet. Voici le sens de toute cette fm : « Quand pourrai-je te nommer de ton vrai nom, de ce nom qui se place de lui-même sous ma plume? Si Astrée (la Justice) qui vivait au milieu des hommes de l‘âge d‘or, revenait parmi nous avec la Foi et le Droit (envolés jadis avec elle), ton nom pourrait alors se découvrir à tous; mais c’est honte à notre temps cruel de m’obliger à le taire. Aussi, tant que ce temps durera, tu seras cachée sous le nom de ma Dordogne... Mais plutôt aie pitié de notre époque malheureuse, et laisse-moi dévoiler ton nom; car, si je le dis (comme tu es une nouvelle Astrée), cet âge sera à son tour âge d‘or, s‘il doit jamais le devenir. » -— Les derniers vers contien- , nent une allusion à la prédiction célèbre de Virgile (Ecl. IV, 6-9): Jum redit et Virgo, redeunt Srxlurnin regvm, Jam nova progenies crela demitlilur alto. Tu 1110dO Ilüîilflli PIIETO, QUO flïffd pfinlllffl Dexinet, ae tuto sauge! gen: aurea 17l(Hld0... _ Cf. Enéide, I, 291-293. Le reste du sonnet montre que, pour le mythe d’Astrée, La Boétie se souvenait particulièrement des Phénomènes d’Ara- tus, que Ronsard imita d’ailleurs dans son Hymne de la justice, et que Remy Belleau traduisit avec tout le poème grec. — Quant à l’expression: lors il sera doré, je l`ai expliquée par de nombreux exemples, t. II, p. 202 de mon édition de P. de Brach. On disait alors le « siècle doré » pour «l'àge d’or». (R. D.) V. IO! Montaigne nous apprend (voy. ci-dessus p. 61) que La Boétie avait composé d’autres vers français « sous le nom de Gironden. Il me semble que ce renseignement doit etre rapproché de ce que La Boétie dit ici, et que ces deux traits aident à éclairer les deux amours du poète. La Boétie, jeune et bouillant, aima d’abord celle dont il ne veut pas dire le nom et qu'il désigne sous le surnom de Dordogne dans ce sonnet et dans le suivant. C’était sans doute une compatriote du poète, une jeune fille de Sarlat ou du Périgord, comme ce surnom de Dordogne le fait supposer. Négligé, trahi peut-etre, par celle en la constance de qui il avait cru, La Boétie écrivit la Chanson si amère de ton (p. 265) qui semble marquer la tin de cette liaison éphémère. Plus tard, le jeune homme se reprit à aimer. Cette fois—ci il aimait une femme sérieuse, déjà veuve et mère, dont les qualités de cœur étaient plus douces et plus loyales. L’ins- piration du poète se ressentit de cette passion plus tempérée. Marguerite · de Carle habitait le Médoc; La Boétie chanta le pays ou elle se plaisait et qui allait tant lui tenir à cœur. Le sonnet XXIV (p. 283) donne bien la mesure de ces nouveaux sentiments. Ne semble-t-il pas que La Boétie