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302 ESTIENNE DE LA BoÉT1E _ XXIII ·Ce font tes yeux tranchans qui me font le courage. Ie veoy faulter dedans la gaïe liberté, Et mon petit archer, qui mene à fon cofté ~ La belle gaillardife & plaiiir le volage; Mais apres, la rigueur de ton triite langage ` 5 Me monitre dans ton cœur la fiere honefteté; Et, condemné, ie veoy la dure chafteté Là grauement afïife & la vertu fauuage. Ainii mon temps diuers par ces vagues fe paiïe : Ores fon œil m’appelle, or fa bouche me chatïe. ro Helas! en ceit eitrif, combien ay ie enduré! Et puis qu’on penfe auoir d’amour quelque affeurance: Sans ceH`e, nuiét & iour, à la feruir ie penfe, Ny encor de mon mal ne puis eftre affuré. XXIV Or dis ie bien, mon efperance eft morte. _ Or eft ce faiët de mon aife & mon bien. Mon mal eft clair 2 maintenant ie veoy bien, I’ay efpoufé la douleur que ie porte. Tout me court fus, rien ne me reconforte, 5 Tout m’abandonne & d’elle ie n’ay rien,