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SoNNETs 299 Qu’aufli toit deuant lui ma fureur Pen alloit, Qu’il me rendoit, vainqueur, a fa place mon ame. Entre vous qui, de moy, ces merueilles oiés, no Que me dites vous d’elle? & ie vous prie, voiez, S’ainfi comme ie fais, adorer ie la dois? · Quels miracles en moi penfés vous qu’elle faffe De fon œil tout puifïant, ou d’vn rai de fa face, i Puis qu’en moi lirent tant les traces de fes doigtz? XIX Ie tremblois deuant elle, & attendois, tranfî, Pour venger mon forfaiét quelque iulte fentence, ' A moi mefme confent du poids de mon offence, Lors qu’elle me diét : « Va, ie te prens à merci. ' 5 Que mon loz deformais par tout foit efclarci : Emploie la tes ans, &, fans plus, meshuy pence ` D’enrichîr de mon nom par tes vers noftre France, Couure de vers ta faulte, & paie moi ainii. » Sus donc, ma plume}! Il faut, pour iouir de ma peine, IO Courir par fa grandeur d’vne plus large veine. Mais regarde à fon œil, qu’il ne nous abandonne. Sans fes yeux, nos efpritz fe mourroient languiiïantsz Ilz nous donnent le cœur, ilz nous donnent le fens: Pour fe paier de moy, il faut qu’elle me donne.