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296 ESTIENNE DE LA BOÉTIE XIV O cœur leger, ô courage mal feur, Penfes tu plus que foufïrir ie te puiffe? O bonté creuze, ô couuerte malice, Traitre beauté, venimeufe doulceur! Tu ellois donc toufiours feur de ta fœur? 5 Et moy, trop iimple, il falloit que i’en fille L’eH`ay fur moy, & que tard i’entendifî`e Ton parler double 8L tes chantz de chafïeur? Defpuis le iour que i’ay prins à t’ayme1·, I’euiï`e vaincu les vagues de la mer: IO Qu’eft ce meshuy que ie pourrois attendre? Comment de toy pourrois i’eitre content? Qui apprendra ton cœur d’eftre conftant, Puis que le mien ne le luy peut aprendre? XV Ce n’eft pas moy que l’on abuze ainû : Qu’à quelque enfant, ces ruzes on emploie, Qui n’a nul gouit, qui n’entend rien qu’il oye : le fçay aymer, ie fçay hayr aufïî. Contente toy de m’auoir iufqu’ici 5 Fermé les yeux; il ei'}: temps que i’y voie,