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XVI


Helas ! combien de iours, helas ! combien de nuicts
I’ay vefcu loing du lieu où mon cueur fait demeure !
C’eft le vingtiefme iour que fans iour ie demeure,
Mais en vingt iours i’ay eu tout vn fiecle d’ennuis.


Ie n’en veux mal qu’à moy, malheureux que ie fuis,
Si ie foufpire en vain, fi maintenant i’en pleure ;
C’eft que mal aduifé ie laiffay, en mal’heure,’
Celle là que laiffer nulle part ie ne puis.

l’ay honte que defià ma peau decoulouree
Se voit par mes ennuis de rides labouree :
I'ay honte que defià les douleurs inhumaines

Me blanchiffent le poil fans le congé du temps.
Encor moindre ie fuis au compte de mes ans,
Et defia ie fuis vieux au compte de mes peines.



XVII





<poem>Si onc i’eus droit, or i’en ay de me plaindre :
Car qui voudroit que ie fuffe content
Eftant loing d’elle ? Et ie ne fçay pourtant,
En eftant pres, fi mon mal feroit moindre.

Ou pres, ou loing, le mal me vient atteindre ;
I’ay beau fuir, en tous lieux il m’attend :