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VERS FRANçOIS 273 Et puis de fes vertus vn autre reng plus fort, Et fon efprit, le chef de cette grande armee. Qu’euffe-ie fait tout feul? ie me fuis laiffé prendre; 10 Mais à fon efprit feul ie me fuis voulu rendre. C’eft celuy qui me print, qui à fon gré me méne, Qui de me faire mal a eu tant de pouuoir : Mais puis qu’il faut foufïrir, ie me tiens fier d’auoir _ Vne ii grand’ raifon d’vne ii grande peine. IX Maint homme qui m’entend, lors qu’ain1i ie la vante, N’ayant oncq rien pareil en nulle autre efprouué, Penfe, ce que i’en dis, que ie Paye trouué, Et croit qu’à mon plaifir ces louanges i’inuente. Mais ii rien de fon los en fa faueur i’augmente, Si de mentir pour elle il m’eft oncq arriué, Ie,confens que ie fois de fon amour priué; . le confens, ii ie mens, que mon efpoir me mente. Qui ne m’en croit, la voyë : il aura lors creance 10 De plus que ie n’en dis, d’autant comme i’en penfe. Auiïi, pour dire vray, ce n’eit pas là le doute, Si ie la loue plus qu’elle n’a merité, Q Si ie faulx en difant plus que la verité 2 _ Le doute eft fi ie faulx à ne la dire toute. ss