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194 ESTIENNE DE LA BoÉ'r1E . · Encore m’all`eure ie tant de toy, que, pour ton regard - on ceci, ie ne crains point vne chofe, qui eft bien en là? Zyles tel cas la plus grande & la plus à craindre: ce font s olles _ _ _ _/ëmmes les viütes d’vn tas de mauuaifes femmes, leurs VOIX à craindre. . . . pla1nt1ues, & la recharge de leurs complamtes, auec 5 lefquellès elles ont accouftumé de frotter, par maniere de dire, & refraifchir & irriter la douleur, ne permet- tant point que le deuil, ou par autre moyen, ou bien de luy mefme, fe vienne à fleftrir, & üamortiffe. Car ` ie fçay combien tu eus de peine n’a.guieres, quand tu IO fecourus il bien la fœur de Theon, & combatis ii bien celles là, qui, outre le deuil qu’elle auoit en elle, luy faifoient encores, auec les alïaults qu’elles luy donnoient, des cris 8L des pleurs, comme pour vray fi _ Exîggîles elles euffent eu enuie d’y mettre le feu. Car, fi on voit ,5 o propos. bruler la maifon de fon amy, on eiteint la flamme le plus toit que l’on peut, & à la plus grande halte; & quand on le voit luy mefme fe confommer en fon efprit & tout enflammé, on luy attife encores le feu! Et certes on n’endure pas, quand quelqu’vn a mal aux zo ( yeux, qu’il y mette la main, encores quïil le vueille ; & perfonne ne touche là où fon mal.luy cuit: & celuy -qui elt en deuil demeure touliours aiïis, fe prefentant à tous venans exprelïement, ce femble, pour fe faire efmouuoir, & enuenimer la playe, à fin que pour vn 25 _ peu de douleur qu’il a, qui lelpoingt & luy demange, l’vlcere egratigné üempire toufiours, & deuienne plus grand & fafcheux. Or doncques de cela ie fuis certain que tu te garderas fort bien.

 Mais encores elïaye toy en ta penfee de te transferer 30

Atenzps toy-mefme & remettre à ce temps là, que celte fille,