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ſent folles & inſenſees, ce ſeroit bien choſe eſtrange ſi les hommes ne vouloient ſ’abftenir des onguents, & ſi, pour vn ſi court plaiſir, ils ne tenoient compte de voir les femmes ainſi mal menees. Puis donc que elles Voluptez à euiter. en viennent à cela, non pas quand les hommes ſe 5 perfument, mais quand ils couchent auec les garces, c’eſt choſe trop deraiſonnable, pour vne volupté petite, que les hommes ayent le cœur de tant troubler & tormenter les femmes, & qu’ils ne veuillent aller à elles purs & nets de la compagnie de toutes autres, 10 comme ſont ceux qui ſ’approchent des mouches à miel pour ce que les abeilles ſe ſachent, ce ſemble, de ceux qui font auec les femmes, & leur ſont la guerre.

XLVII. Elephants. Toreaux. Tygres. Ceux qui vont pres des Elephans ne portent point 15 robe luyſante, ny de rouge ceux qui vont pres des toreaux : car ces beſtes deuiennent farrouches en voyant ces couleurs ; & dit l’on auſſi que les tygres au ſon du tabourin deuiennent du tout enragees & ſe deſmembrent elles meſmes. Puis donc qu’il y a des 20 hommes, les vns qui voyent contre cœur les robes teintes en greine, les robes d’eſcarlate, les autres ſe deſpitent d’ouïr les cymbales & tabourins, qu’y a il tant à faire que les femmes ſ’abſtiennent de telles choſes, ſans troubler & aigrir leurs marys, viuans auec eux 25 bien & ordonneement en vne douceur paiſible ?

XLVIII. Qu’il y a difference, meſme la nuit, entre les femmes. Vne femme dit à Philippe qui la trainoit par force : Laſche moy ; toutes femmes ſont vnes, la lampe miſe à part. Cela fut tres bien dit contre les paillars & concubinaires : mais la femme mariee, il faut, meſmes 30 lors que la lumiere eſt oſtee, qu’elle ne ſoit pas de