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156 ESTIENNE DE LA BoÉT1E vn feul brin de regret, ny de lafcheté; ains, comme _ ` il Een voit parfois, de toutes manieres de gents, que1qu’vn en qui on recognoit vn naturel valeureux &, cherchant la peine, aulïi les bons commandeurs d’armees impriment cela au cueur de tous ceux du 5 camp, d’aymer le trauail, de conuoiter ambitieufement la gloire d’eitre veus de par leurs chefs, faifans quel- que beau fait. Or, quiconques foient les chefs de guerre, enuers lefquels les gents qui les fuyuent font wêâlîgîfc ainfî aiïeétionnez, certainement ceux là fe peuuent ro

 bien hardiment vanter que ce font eux les puiffants
>«yyzms>>. capitaines & redoutables, non pas certes ceux qui

ont les corps plus à commandement que tous leurs foldats, ny ceux qui dardent, ny ceux qui tirent mieux de Parc, ne qui font les mieux montez pour combatre IS des premiers plus vaillamment & plus dextrement que nul autre, foit à. cheual, ou a pied la targue au poing; mais font vrayement ceux qui fçauent mettre cela en la teite des foldats, qu’ils les doiuent fuyure, & falluft il palïer dans le feu, &,par tous les dangers 20 du monde. A ceux cy faut il à bon droit donner le tiltre de cœur grand & de grand’ ceruelle, quand plufieurs vont apres vn, ayans tous vne mefme volonté. Ceftui cy peut on dire auoir le bras grand, au fens du quel tant de bras obeïffent fans contrainte; 25 ceftui cy eit vrayement grand perfonnage, qui peut mettre àliin les chofes grandes auec fon fens plus toit Difference qu’auec fa force. Et aux befongnes domeftiques tout demwm'· de mefmes, foit ou qu’i1 y aye vn receueur ou vn maiftre d’hoi’tel qui en aye la charge, fil fçait tenir 30 les gents au trauail gaillards & courageux, fans def-