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148 ESTIENNE DE LA B©ÉT1E toufiours, & tiennent à l’ombre ce qui boutonne encore. Chap. 26, Lors ie prins la parole, & luy dis : D’où vient donc- ques, ô lfchomache, fi ce qui eit de Pagriculture eft tant aifé à apprendre, & que egalement tous fçauent 5 ce qu’il y faut faire, qu’egalement tous ne le font de mefme? Or voit on les vns qui en viuent fort riche- ° ment, & font encore referue; & les autres n’en peuuent pas auoir feulement pour leurs necefiitez, uw mn: mais empruntent encore pour y fubuenir. Certes ie no qu’cntre les . A . zazwmm te le diray, 0 Socrates, dit Ifchomache; car pour vray

   ce n’eit pas ny le fçauoir, ny Pignorance des labou-
 reurs, qui fait aifez les vns, & les autres malaifez; &,

iamais tu ne verras qu’il court vn bruit ainii; Vne telle maifon a efté deftruitte pour ce que celuy qui 15 feme au labourage ne femoit pas bien efgalement; ny pour ce que les rancs de la vigne n’ont, pas efté plantez bien droits; ny pour autant que quelqu’vn ne_ cognoifïant pas la terre qui ayme la vigne, la plante i en terre qui n’en porte point; ny pour auoir ignoré 20 qu’il eit bon, pour femer, d’appref’cer le champ deuant; ny pour n’auoir fceu qu’il eft bon de mefler le fien auec la terre. Mais beaucoup plus volontiers orra on dire: C’eft vn homme qui ne prend point de blé de fon heritage, car il n’a point cœur à le faire ny fumer, 25 ny femer; c’eû: vn homme qui ne recueille point de vin, car il n’a pas le foing qu’0n luy plante des vignes, ny celles qu’il a, de les faire porter; il n’a cueilly ny' figues, ny huile, car il ne met pas ordre & ne fait pas ce qu’il faut faire pour en auoir. Voilà, ô Socrates, 30 comment les laboureurs eitans differents lesvns des