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114 ESTIENNE DE LA BOÉTIE conter d’elle, dit Ifchomache, d’autres faiéts d’vn cœur grand & efleué, en quoy elle m’a obeï auiïi toit, pour vne fois `feulement qu’elle m’en a ouy parler. Et en 1 quoy? dy-ie lors; conte le moy, ie te prie, comme à celuy qui me refiouïray plus de fçauoir les vertus 5 d’vne femme viuante, que ii Zeufis me monitroit la plus belle femme du monde en peinture pourtraite de fa main. · . Chap.17. Lors Ifchomache parla en ce point: Ie la vis vn iour qu’elle iieitoit frottee tout le vifage de cerufe, 10 pour paroiftre plus blanche qu’elle n’eftoit, & de fard, pour paroiftre plus vermeille que le naturel; & auoit aux pieds des hauts patins pour fe monitrer

 plus grande: Efcoute, ma femme, ce luy dis—ie: com-

dîychomche ment m’eftimerois tu loyal&plus aymable parçonnier IS a_/afemme . , , , paurce au faiët d’vne focieté de biens, ou fi lors qu’on traite-

 roit de nous aifocier, ie declairois franchement & au

vray ce qui feroit à moy, fans me venter de ce que ie n’auroy pas, fans cacher ce que i’aurois; ou bien » fi ie m’eiforçois de te tromper, en te faifant monftre 20 de pieces d’argent faux, & ii ie te prefentois des chefnes creufes, pleines de bois par dedans, & ii de l’efcarlate contrefaite de nulle valeur ie t’affeurois que ce fuit de la vraye & naïue? Ma femme adonc RMJO?/2 print le propos & dit: Ne parlons point de cela, ie te 25 www E' prie; & ià ne puiffe—ie tant viure, que ie te voye tel: car pour vray, fi tu l’eftois, ie ne fçaurois, ce crois·ie, fembraiïer de bon cœur. Et nous, ô ma femme, fommes nous pas affemblez pour eltre en focieté & communion des corps mefmes? Les hommes le 30 difent, fit elle. Doncques, dis-ie, en quelle maniere