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LA MESNAGERIE DE xENoPH©N QQ dans la maifon: car il a compofé le corps & le cueur des hommes plus fort & puiiïant, pour foufïrir les froidures, les chaleurs, les voyages, & les guerres, & ` 35 aufü les a il chargez de tout ce qui fe faiét dehors. - Mais Dieu ayant fait le corps moins vigoureux à Chap. 1;. la femme, pour cela il m’eft aduis qu’il a dit qu’il ordonnoit pour elle le foing des chofes domeitiques. Et fçachant qu’il auoit donné &eni0int naturellement La 40 aux femmes qu’elles nourriroient les enfans en bas aage, il leur defpartit aufïi plus qu’à l’homme d’aiïec— tion naturelle enuers eux. Aufïi apres qu’il eult baillé à la femme le foucy & la garde des chofes portees à la maifon, cognoiffant que pour bien garder il n’eft 45 pas mauuais d’auoir le cueur vn peu craintif, il fit plus grand’part de la crainte aux femmes qu’aux hommes; & voyant, de l’autre part, que celuy qui feroit le train de dehors, auroit befoing de fe mettre en defenfe, ii quelqu’vn Poutrage, il l’auantagea auiïi en courage & 50 hardieffe. Mais, pour autant qu’il falloit qu’auf(i bien l’vn que l’autre fifi eftat de prendre & de donner, il leur mit en commun à tous deux le foing & la memoire: de forte qu’en cela on ne fçauroit choifir lequel des deux fexes, ou du maile, ou de la femelle, a eu plus 55 d’auantage. Aulïi de fçauoir commander aux paüîons comman- . . . . . der aux qu’1l faut, 1l leur a mis cela au milieu d’entre eux, &en p,w;,,,,,, leur donnant congé d’en prendre, a ordonné que qui vaudra plus que fon compagnon, foit l’h0mme ou foit la femme, ce fera celuy à qui il efcherra plus grand 60 partage de ce bien. Vray eit, que pour autant que le naturel dieux deux ne ferencontre pas toufiours à eftre bon en toutes chofes, voylà pourquoy ils fe peuuent