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96 ' ESTIENNE DE LA BoÉT1E facrilioit elle point quant & toy, & prioit tout a la fois cela mefme? Mais bien fort, dit Ifchomache, & faifoit de grands veus aux Dieux qu’elle feroit telle qu’elle deuoit eitre, & monftroit bien à la voir, qu’elle ne _ mettroit à mefpris les enfeignements qu’on luy don-- 5 neroit.· De grace, ô Ifchomache, dis ie, ie te prie, conte moy par où tu commenças de Papprendre; & ie t’afi`eure que i’auray beaucoup plus de plaifir de t’efcouter parlant de ce propos, que ii tu me contois le plus beau tournoy & les plus belles iouftes qu’on 10 vit iamais. Et comment penfes tu, ô Socrates, que ie l’apprinfe, dit il? Apres qu’elle me fembla deiia eftre traiétable, & affez priuee pour raifonner auec moy, Manieyç ie Pinterrogay à peu pres ainfi : Dy moy, ma femme, fortfamzlzere , , , _ , , , ëbellepour tes tu point encore aduifee a quelle intention 16 IS

 t’efpoufay, &_ pour quoy faire ton pere & ta mere

hmm" t’ont baillee à moy pour efpoufe? Tu penfes bien, ie croy, que ce n’eitoit pour faute que nous ne peufïions auoir d’autre compagnie, ny toy ny moy: mais c’_eitoit, que moy deliberant pour moy mefmes, 20 A & tes parents pour toy, de nous trouuer, à moy vne compagne felon mon naturel, & les tiens, à toy, vn compagnon de mefme, pour eitre communs & en maifon & en pofterité; nous, eftans en cette quefte des deux coftez, de tous les partis qui fe prefenterent, 25 rie t’ay choiiie pour moy; &. tes parents, ce croy ie, ‘ m’ont choifi pour toy. Quant efl: des enfants, fi Dieu nous en donne quelque iour, lors delibererons nous comment il nous faudra faire pour les nourrir & inftituer le mieux que nous pourrons : car ce bien là 30 nous fera commun auîïi entre nous deux, d’auoir des