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LA MESNAGERIE DE xENoPHoN 73 iides, qu’à grand’peine les pourras tu porter: SL li en quelque endroit on cognoit que tu ailles efcharcement à faire ce qui te fera enioint, ie me tiens pour dit que 35 les Atheniens Pen prendront à toy pour fe venger, ny plus ne moins que liils t’auoient trouué defrobant le leur propre. Puis, outre tout cela, ie vois que tu penfes eftre riche, & n’as foin ny foucy de pourchaffer « pme de du bien, mais, au lieu de cela, tu as le cœur à l’amour, C,-lutobuk 40 eftimant bien auoir le de quoy pour le faire: voilà pourquoy i’ay pitié de toy, & ay grand’peur que à la fin il ne t’en faille fouffrir quelque mal incurable, & de te voir reduit à quelque extreme fouffrance. Or quant à moy, ie penfe que tu fçais bien, encore que 45 i’euH`e faute de quelque chofe, qu’il en y a prou qui m’en fourniroient à fuiïifance: de forte qu’en me donnant tant foit peu,_ils feroient refouler le bien chez _moy à foifon. Mais tes amis ayant beaucoup mieux de quoy pour leur bien, que toy pour le tien, aduifent 50·toutesfois vers toy pour en auoir aide & fecours. l Lors dit Critobule : A cela vrayement ie ne fçaurois que contredire; mais il eit temps maintenant que tu me gouuernes, à fin que du tout ie neu fois à bon efcient miferable & fubieét à pitié. 55 Socrates l’oyant parler ainii, luy dit: Et donc, ô Chap.; Critobule, ne t’esbahis tu pas toy mefme de ce que tu fais, qui naguieres, quand ie me difois riche, te mocquois de moy, comme ne fachant de richeffe que c’eit; &. n’as iamais celïé, iufques à tant que tu m’as 60 conuaincu, & fait confeiïer qu’il Den fault encores _ beaucoup que ie n’aye vaillant la centiefme partie de ` ce que tu as: & maintenant tu me pries que ie te _ _ IO