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LA MESNAGERIE DE xENoPi-1oN 71 pour la liberté, comme on feroit contre les ennemis eftrangers, que nous voudrions afferuir auec les ‘ armes. De vray fouuent on a veu par le paffé, que 35 les ennemis, ayant pour eux la force du nombre -& de la vaillance, quand ils aiïugettiffoient quelque nation, la contraignoient deuenir meilleure, & fai- foient viure depuis touiiours les vaincus plus à leur aife, pour fieitre amendez & rendus plus fages. Mais 40 toutes ces maiftreffes ne ceffent iamais de gaiter & diiïamer les corps ·des perfonnes, & les cœurs, & les biens, tant qu’e1les le gouuernent. Critobule lors parla à peu pres ainii : Pour le regard de ce propos ie me contente fort, & fuis bien trompé, fi ie n’en ay 45 affez entendu, par ce que tu en dis. Et de ma part m’examinant moymefme, ie.me treuue, ce me femble, «paffablement deliuré de ces paiïions là; de forte que ii tu m’aduertis, en quoy faifant i’augmenteray mon bien, ie me fais bien fort que ces maiftreiïes là que 50 tu appelles, ne m’en fçauroient garder. Or donne moy doncques quelque bon confeil, fi chape,. tu en as : iinon que poiïible, ô Socrates, tu ayes deiià ainii ordonné de moy, que ie fuis affez riche, & te ·femble que meshuy ie n’ay pas befoing de plus 55 grande richeiïe. Pour vray, dit Socrates, fi tu parles Socrates aufii de moy, il ne m’eft pas aduis que i’aye affaire de plus grand bien que celuy que i’ay; & trouue que pî,',îf;;,,`îv_ i’ay de quoy, autant qu’i1 m’en faut. .Mais de toy certes, ô Critobule, i’ay ceilte opinion, que tu me 60 fembles eitre fortpauure, & ii de vray .il eit par fois que i’ay grand’pitié de toy. Lors Critobule fe print à rire, & dit: Et ie te prie pour Dieu, ô Socrates,