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50 ESTIENNE DE LA BOÉTIE I rien qu’on puiiïe dire eftre à perfonne. Ils voient que C rien—ne rend les hommes fubiets à fa cruauté que les biens; qu’il n’y a aucun crime enuers lui digne de mort que le dequoy; qu’il n’aime que les richeffes & ne defait que les riches, & ils fe viennent prefenter, 5 comme deuant le boucher, pour Py offrir ainfi plains & refaits & lui en faire enuie. Ces fauoris ne fe doiuent pas tant fouuenir de ceus qui ont gaigné au tour des tirans beaucoup de biens, comme de ceus qui, aians quelque temps amaffé, puis apres y ont IO perdu & les biens & les vies; il ne leur doit pas tant _venir en l’ei`prit combien d’autres y ont gaigné de richefïes, mais combien peu ceus là les ont gardees. Qu’on difcoure toutes les anciennes hiitoires, qu’on regarde celles de noftre fouuenance, & on verra tout 15 à plein combien eit grand le nombre de ceus qui, aians gaigné par mauuais moiens l’oreille des princes, aians ou emploié leur mauuaiftié ou abufé de leur ümpleffe, à la fin par ceus-là mefmes ont eité aneantis, & autant qu’ils y auoient trouué de facilité pour les zo eleuer, autant y ont ils congneu puis apres d’inconf- tance pour les abattre. Certainement en ii grand nombre de gens qui fe font trouué iamais pres de tant de mauuais rois, il en a efté peu, ou comme point, qui n’aient efïaié quelque fois en eus mefmes la cruauté 25 VARIANTES 4. « les richefïes, ne desfait,». 20. « & autant qu’ils auoient ». 5. « qui fe viennent prefenterxx. 21. « autant puis apres y ont ils 11. «&la vie ». trouué d’inconflance pour les y I2. (( PRS VCl"llI' )). COHl·€l"U€I' ))· 14. «Qu’0n defc0uure». 22. « Certainement en G grand 1 5. « toutes cellesde n0ftre1'0uue· nombre de gens, qui ont eftéiamaîs nzmce ». - pres des mauuais rois, il en cit peu ».