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DE LA SERVITUDE VOLONTAIRE. 23 ‘ Mais certes la couftume, qui a en toutes chofes grand pouuoir fur nous, n’a en aucun endroit il grand’ vertu qu’en cecy, de nous enfeigner à feruir &, comme l’on dit de Mitridat qui fe lit ordinaire à boire le poifon, 30 pour nous apprendre à aualer & ne trouuer point amer le venin de la feruitude. L’on ne peut pas nier que la nature n’ait en nous bonne part, pour nous tirer là où elle veut & nous faire dire bien ou mal. nez; mais fi faut il confeffer qu’elle a en nous moins 35 de pouuoir que la couftume: pource·que le naturel, pour bon qu’il foit, fe perd Bil n’eit entretenu; & la nourriture nous fait toufiours de fa façon, comment ' que ce foit, maugré la nature. Les femences de bien que la nature met en nous font fi menues & gliffantes 40 qu’elles ne peuuent endurer le moindre heurt de la nourriture contraire; elles ne ûentretiennent pas fi aifement comme elles ûabatardiffent, fe fondent &. viennent à rien 2 ne plus ne moins que les arbres W fruiétiers, qui ont bien tous quelque naturel à part,. 45 lequel ils gardent bien fi on les laiffe venir, mais ils le laifïent auiïi toit pour porter d’autres fruiëts eftran- giers'& non les leurs, felon qu’on les ente. Les herbes A ont chacune leur propriete, leur naturel & üngularité; mais toutesfois le gel, le temps, le terroir ou la main 5o du iardinier y adiouftent ou diminuent beaucoup de _ h VARIANTES , 20· (( leur l13(UI`C)). 40· K qU‘Cll€S l'l’CI`Id1XI'Ch[ PBS )). 22 « qui ». 41. « elles ne Dentretiennent pas 2;. « dans fes regiftres pour en- plus aifement, qu’elles ûabaftardif tendre f·il iouift >>. fcnt, fe fondent &viennent cn rien ». 29. « que Mitridat ». 4;. « que les fruiétiers n. go. « pas amer ». 46. « pour ports d‘autres fruiêtsn. gg. « ou bien ou mal nez ». 50. « ou. adiouftent ».