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20 · ESTIENNE DE LA BOÉTIE royaume comme de leur héritages Celui à qui le peuple a donné l’eitat .deuroit eftre, ce me femble,' plus fupportable, & le feroit, comme ie croy, n’eftoit que deflors qu’il fe voit efleué par deffus les autres, Hatté par ie ne fçay quoy qu’on appelle la grandeur, 5 il delibere de n’en bouger point : communement celui là fait eftat de rendre à fes enfans la puiffance que le peuple lui a baillé; &deilors que ceus là ont pris cefte opinion, c’eft chofe eftrange de combien ils pafïent, _ en toutes fortes de vices & mefmes en la cruauté, les 10 autres tirans, .ne voians autre moien pour affeurer la nouuelle tirannie que d’eftreindre fi fort la feruitude & eftranger tant leurs fubieéts de la liberté, qu’anc0re que la memoire en foit frefche, ils la leur puiffent faire perdre. Ainfi, pour en dire la verité, ie voi bien qu’il IS y a entr’eus quelque difference, mais de chois, ie n’i en vois point; & eftant les moiens de venir aus regnes diuers, toufiours la façon de regner eft quali fem- blable: les elleus, comme fils auoient pris des toreaus a domter, ainfi les traictent ils; les conquerans en zo font comme de leur proie; les fuccefïeurs penfent d’en faire ainfi que de leurs naturels efclaues. ‘ Mais à propos, fi d’auanture il naiffoit .auiourd’huy quelques gens tous neufs, ni accouftumes à la fubiec- VARIANTES _ 4. « elleué par deffus les autres 12. « que cl'cftendre fort la ferui; en ce lieu». tude, & eftranger tant les fuiets de 6. «communement celui là fait la liberté, encore que la memoire eftat de la puiffance que le peuple en foit». luy a baillee, de la rendre à fes en- 17. « n’en vois point ». fans ». 20. « les traiûent ainû ». »8. « or, deflorsn. 21. «.les conquerans penfent en _ 1 1. «ils ne voyent». auoir droit, comme de leur proyc;