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16 ESTIENNE DE LA BoÈT1E vns plus qu’aus autres, fi n’a elle pourtant entendu nous mettre en ce monde comme dans vn camp clos, & n’a pas enuoié icy bas les plus forts ny les plus auifez, comme des brigans armes dans vne forelt, pour y gourmander les plus foibles; mais plultoit 5 faut il croire que, faifant ainli les parts aus vns plus grandes, aus autres plus petites, elle vouloit faire place à la fraternelle aiïeétion, afin qu’elle eut où fvemploier, aians les vns puilïance de donner aide, les autres befoin d’en receuoir. Puis doncques que IO celteibonne mere nous a donné à tous toute la terre pour demeure, nous a tous loges aucunement en mefme maifon, nous a tous figures à mefme patron, afin que chacun fe peuit mirer & quali reconnoiltre l’vn dans l’autre; ii elle nous a donné à tous ce T5 grand prefent de la voix & de la parolle pour nous accointer & fraternifer dauantage, & faire, par la commune & mutuelle declaration de nos penfees, vne communion de nos volontes; & fi elle a tafché ` par tous moiens de ferrer & eltreindre ii fort le nœud zo de noftre alliance & focieté; H elle a· monltré, en toutes chofes, qu’elle ne vouloit pas tant nous faire tous vnis que tous vns, il ne faut pas faire doute que nous ne foions tous naturellement libres, puis que nous fommes tous compaignons, & ne peut 25 tomber en Pentendement de perfonne que nature ait vAR1AN·rEs 6. xcaux vns les parts plus 15. «fi elle nous a, tous en com- grandes ». mun, donné ». ro. « & les autres ». zo. « plus fort ». 1;. « en vne mefme maifon ». 22. « qu’elle ne vouloit tant ». I';. (( CH môlimû pafte F). 24. (( QUC KlOL1Sl-OlOl’lS)). ..