INTRODUCTION
LA BHAGAVADGÎTÂ est un poème illustre. Il en est peu, dans la littérature universelle, qui aient provoqué de plus vifs enthousiasmes. Des œuvres du génie hindou, elle fut, en 1785, grâce à la traduction de Wilkins, révélée la première à l’Occident. Cette date marque le moment où commença de se déchirer le voile qui, depuis tant de siècles, dérobait à l’Europe le passé de l’Inde. L’heure était propice : le courant romantique porta vite et haut la renommée de ces vers. La recommandation de Schlegel, de G. de Humboldt, de Hegel, acheva d’exalter les premières curiosités ; elles s’avivaient du préjugé qui, à cette époque, attribuait à la civilisation hindoue une antiquité prodigieuse.
L’écho de cette renommée ne s’est pas éteint. La Gîtâ avait de quoi se défendre, même devant des juges moins prévenus. Elle était destinée à en