Page:La Beaume - Le Koran analysé, 1878.djvu/42

Cette page n’a pas encore été corrigée

10 LE KORAN ANALYSÉ.

détails qui précèdent, les Arabes étaient très-adonnés au vin et d’anciennes poésies montrent qu’ils tiraient vanité de boire et de jouer…. Chacun pouvait épouser autant de femmes que ses facultés lui permettaient d’en entretenir, et les répudier selon son caprice[1]. Une veuve était considérée, en quelque sorte, comme partie intégrante de l’héritage de son mari défunt. De là, ces unions fréquentes entre beaux-fils et belles-mères, unions qui, plus tard, interdites par l’Islamisme, furent flétries par le nom de mariage odieux… Une coutume bien plus révoltante et plus contraire à la nature était l’inhumation des filles vivantes par leurs parents[2].

Ce n’est pas à dire pourtant qu’il n’y eût aucun bon germe à développer chez ce peuple : il prisait très-haut la libéralité, l’exercice de l’hospitalité.

Les quelques représentants de sociétés plus avancées qu’on y rencontrait ça et là, étaient en infime minorité et ne paraissent pas s’être chargés du rôle de missionnaires. Les Juifs imbus de l’esprit Chinois, Japonais, Égyptien, d’exclusivisme de race, n’appliquent encore aujourd’hui, une remarquable faculté d’assimilation qu’à se ployer aux institutions des peuples à l’ombre desquels ils viennent travailler en finance[3]. S’ils avaient fait quelques recrues parmi les Arabes, ce n’avait dû être que par le simple effet de la communauté de traditions historiques, communauté impliquant une proche parenté de race, proche parenté indiquée encore par une égale âpreté au gain, une égale disposition à ne reculer devant aucune ruse pour s’assurer un bénéfice. Il ne s’agit guère d’amélioration morale entre gens qui se réunissent par de telles considérations. Les chrétiens s’étaient, il est vrai, avancés de proche en proche pour fuir les persécutions qui s’exerçaient de secte à secte dans l’intérieur du christianisme, depuis qu’elles avaient cessé de culte à culte dans l’empire Romain, mais les lumières qu’ils fournissaient ne pouvaient être très-intenses : les chrétiens Abyssins de nos jours en donnent une idée. Il ne suffit pas d’admettre la lettre des dogmes d’une religion pour avoir la notion des principes supérieurs auxquels ils se rattachent.

C’est dans ces tristes circonstances, c’est dans cette lourde atmosphère, que Mahomet (Mohammed ibn Abd-Allah) naquit le 29 août 570, à la Mecque. La, se trouve la Kaaba, le sanctuaire du temple que la tradition veut qu’Abraham ait élevé et que tout fils d’Ismaël doit visiter au moins une fois en sa vie.

Soit dit en passant, il est bizarre que le plus fier de tous les peuples se soit choisi pour ancêtre le fils de la pauvre esclave Agar, l’enfant si durement repoussé par son père, et conserve de ce père un souvenir ressemblant à de l’adoration. C’est là un de ces démentis à la logique comme en présente fréquemment l’histoire légendaire.

  1. Les femmes essayaient de la même liberté et on le tolérait quand elles étaient belles, jeunes et riches. — Voir : Femmes arabes avant et depuis l’Islamisme, par le Dr Perron, ch. XVI, p. 127.
  2. A Sparte, les enfants nouveaux-nés, garçons et filles, n’étaient, d’après les lois de Lycurgue, conservés à la vie que lorsque leur bonne conformation avait été constatée.
  3. Cette spécialité qu’on reproche si volontiers aux Juifs leur a été longtemps imposée. La France a été la première à les admettre à jouir de la même manière que le reste des citoyens, du droit de propriété mobilière et immobilière, à leur permettre d’exercer toutes les industries, d’embrasser toutes les carrières. Dans plusieurs pays de l’Europe, ils sont encore, comme dans le moyen-âge et dans l’antiquité, obligés, de par les lois, à renfermer leur activité dans un seul genre d’opérations, celui qui mettant le plus en contact avec des besoins individuels qui, tous ne peuvent être satisfaits aux mêmes douces conditions, soulève le plus de colères et d’accusations.