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Un troisième fait, un fait relatif à l’Arabie, et remontant à l’année même de la naissance de Mahomet, 570 de J.-C., d’après les calculs de M. Caussin de Perceval, est aussi consigné dans le Koran : l’expédition dirigée par Abraha, chef du Yémen, sous la suzeraineté de l’empereur d’Abyssinie, contre la Kaaba de la Mecque.

Ce temple, polythéiste à cette époque, bien que la fondation en fut attribuée au monothéiste patriarche Abraham, était dès la plus haute antiquité, comme il l’est encore depuis que Mahomet l’a vidé de ses idoles, le but d’un pieux pèlerinage pour tous les arabes de la péninsule et même de la Syrie. Les avantages politiques et commerciaux qui résultaient pour la vallée de la Mecque et pour le Hedjaz, dont elle fait partie, de ce courant religieux, avaient excité la convoitise d’un guerrier pour qui peu de choses paraissent avoir été respectables. Abraha avait d’abord installé à Sana, sa résidence, une autre Kaaba plus richement décorée que l’ancienne, et il avait compté sur sa puissance pour l’accréditer. Le succès ne répondit pas à ces prétentions. L’insulte s’en mêla de la part de ses concurrents, l’insulte telle que la peuvent concevoir des hommes étrangers aux délicatesses de nos mœurs. Deux mecquois appartenant à la tribu des Koréichites, qui s’étaient arrogé la garde, c’est-à-dire l’exploitation de la Kaaba de la Mecque, s’introduisirent dans celle de Sana et la souillèrent. Abraha furieux, mit sur pied une armée de 40,000 hommes et marcha sur la Mecque[1]. Pas un détail de cette histoire très-curieuse n’est mentionné dans le Koran ; il n’en rappelle que la conclusion et encore il l’emprunte à la légende.

« Selon les traditions arabes, dit M. Caussin de Perceval[2], Dieu envoya contre les Abyssins, des nuées d’oiseaux nommés ababils, semblables à des hirondelles. Chacun d’eux tenait dans son bec et ses serres, trois petites pierres de la grosseur d’un pois ou d’une lentille qu’ils laissaient tomber sur les soldats. Elles perçaient les casques et les cuirasses ; tous ceux qu’elles atteignaient, voyaient leur corps se couvrir de pustules et mouraient en peu d’heures. Les Abyssins épouvantés prirent la fuite. »

M. Kasimirski[3] fait remarquer que Sprenger (Hist. de la Médecine) et de Hammer Gemaldesaal, I, 24) conjecturent qu’il s’agit ici de la petite vérole qui se montra pour la première fois en Arabie à cette époque.

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  1. Noël Desvergers. Univ. pittoresq. Arabie.
  2. Hist. des Arabes.
  3. Le Koran, éd. de 1873, p. 519, note.