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Les armes devaient donc être déposées, et n’étaient reprises que quand on avait passé la frontière. C’est ainsi que l’Élide, placée sous la protection tutélaire de Jupiter Olympien, devint insensiblement un territoire neutre et inviolable. Cette paix fut donc pour l’Élide une source de prospérité, surtout avant la guerre du Péloponnèse ; car jusque-là, elle n’avait jamais pris part aux divisions intestines de la Grèce. En reconnaissance des bienfaits de paix, elle se contentait de garder précieusement le disque sur lequel était gravée la convention relative à la trêve sacrée ; ce disque fut fidèlement conservé dans l’Héraion jusqu’au second siècle ap. J.-C. Dans leur reconnaissance pour Iphitos, les Bléens lui élevèrent, près de l’entrée même du temple de Jupiter, une statue qui représentait ce héros couronné par l’Ékocheirie, personnification de la trêve sacrée. Olympie retira un grand profit de la sureté que procurait l’institution de la trêve sacrée, aussi les Jeux qui s’y célébraient ne tardèrent-ils pas à prendre le plus vif essor.

Une autre cause de cet essor fut aussi la coïncidence de l’institution de cette trêve et de la pacification du Péloponnèse, pacification qui suivit l’établissement des Dorions dans cette péninsule. Les diverses populations d’origine dorienne se groupaient autour de Sparte, dont, vu sa force, elles reconnaissaient l’hégémonie. De son côté, Sparte ayant déjà la suprématie militaire et politique dans le Péloponnèse et désirant y trouver un appui religieux, fit, dans ce but, choix d’Olympie. C’est pourquoi le contrat passé entre Iphitos et Lycurgue relativement à la trêve sacrée n’eut d’autre but que de placer les Jeux Olympiques sous la protection des Éléens qui étaient eux-mêmes les protégés des Spartiates.

C’est ainsi que les Jeux Olympiques dépouillèrent le caractère local qu’ils avaient eu à l’époque des Pisates, pour revêtir celui de Jeux péloponnésiaques. Nous voyons, en effet, que depuis l’époque où l’on commença à inscrire le nom des vainqueurs des Jeux Olympiques (776 av. J.-C.), le premier qui figure sur la liste est un Éléon du nom de Corœbos ; à l’Olympiade suivante, le vainqueur fut également un Éléen des environs de Pise. Mais l’histoire nous apprend que, quatre ans après, le vainqueur à la course

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