Page:L’Alcoran (traduction de Du Ryer).djvu/224

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
216 L’ALCORAN.  

tiſſez, il eſcoute ſes creatuſes & exauce leurs oraiſons ; ils ont reſpondu, ô Salhé, on eſperoit que tu ſerois noſtre chef avant que la deffenſe fuſt faite d’adorer les Dieux de nos Peres, nous doutons grandement de ce que tu nous preſches ; ô peuple, dit : Salhé, ne connoiſſez vous pas que Dieu m’a enſeigné ce que je vous preſche, & qu’il m’a donné la grace ? qui me protegera ſi je luy deſobey ? vous ne pouvez qu’augmenter ma peine ſi je vous croy : ô peuple, ce chameau[1] que Dieu vous a creé vous ſervira de miracle & d’inſtruction, laiſſez le paiſtre & ne luy faites point de mal, autrement vous ſerez bien toſt chaſtiez ; Ils ont bleſſé ce chameau par meſpris ; Alors il leur a dit, vous vivrez dans vos maiſons l’eſpace de trois jours avant que d’eſtre exterminez, ce qu’on vous promet n’eſt pas menſonge ; Lors que nous les avons exterminez, nous avons par noſtre grace ſpeciale ſauvé Salhé & les vray-croyans qui eſtoient avec luy, le tonnerre a ſurpris ces infidelles, & ont eſté trouvez le matin dans leurs maiſons eſtendus morts comme charognes ; Ainſi Temod & ſes gens ont meſpriſé les commandemens de Dieu à leur deſadvantage. Nos. Meſſagers qui ſont arrivez en la maiſon d’Abraham luy ont annoncé la naiſſance de Iſaac & de Jacob, & de leur poſterité, ils ſe ſont ſalüés, lors qi’ils ſont entrés en ſa maiſon, il leur a fait apporter de la chair rotie pour manger, &, voyant qu’ils n’en mangeoient pas il les a meſpriſés en luy-meſme & a eu peur de leurs venuë ; ils luy ont dit, n’aye point

  1. Les Turcs croyent que Salhé changea un rocher en chameau.