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L’ÉTOURDI.

Nous prîmes donc des meſures pour nous voir. La nuit était pour l’ordinaire le temps conſacré à nos plaiſirs. J’entrais chez elle par un eſcalier dérobé qui donnait dans une rue peu fréquentée. J’avais une clef de la porte. — Un ſoir que je me rendis un peu tard auprès de ma maîtreſſe, j’entendis du bruit dans l’eſcalier qui n’était point éclairé. Mon premier mouvement fut de demander qui va là. On ne me répondis point ; mais à ma queſtion on ſe colle contre le mur pour me laiſſer le paſſage libre. Ne pouvant ni ne devant d’abord préſumer ce que ce pouvoit être ; mille idées vinrent aſſaillir mon imagination. Je crus que c’était quelque aſſaſſin, quelque rival qui m’attendait, & qui ne cherchait pour me poignarder que l’inſtant d’être derriere moi Je mis auſſitôt l’épée à la main, & je m’avançai en la frottant contre le mur, vers l’endroit où j’avais entendu du bruit ; celui que je faiſais avec mon épée, épouvanta le perſonnage, qui craignant d’être percé, chercha ſon ſalut dans la fuite. Je courus après lui, l’atteignis, & me