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L’ÉTOURDI.


les occaſions de le rencontrer. Ce manque d’honnêteté & d’égards ne fit qu’affliger ſon cœur ſans en altérer la tendreſſe. Il veillait toujours ſur moi, & tâchait de me ramener à une conduite plus réguliere par les conſeils & les avis qu’ils me faiſait donner par ſes amis & les miens. Tout cela ne me faiſait que la plus légere ſenſation, & je me débarraſſais de tous ces ſermoneurs, en promettant ce que j’étais bien certain de ne pas tenir. À la fin, mon frere voyant que tout était infructueuſement employé, prit le parti d’en inſtruire mon pere.

Monſieur de Falton m’écrivit en pere qui chérit les enfans, & qui a à ſe plaindre de leur conduite. Sa lettre me toucha d’abord juſques aux larmes, mais elle augmenta l’indifférence que j’avais pour mon frere ; elle m’aigrit ſur ſon compte, je lui fus mauvais gré de m’attirer des reproches que je méritais à ſi juſte titre.

Mon frere voyant ſes eſpérances ſe perdre derechef dans la nuit des ſonges, écrivit de nouveau à mon pere,