qui ne veut de moi que mon bien, qui
croit m’honorer, & qui finira par me
mépriſer dès que je ferai ſa femme. Je
ne ſuis touchée ni de la condition, ni
du rang. Que me ſervirait tout cela avec
un mari qui me donnerait mille dégoûts,
mille mortifications ; eſt-il d’autres richeſſes
que le bonheur ! d’autre vertu
que ſon penchant lorſqu’il eſt légitime.
J’aime un homme aimable, qui m’aime,
dont le rang, la naiſſance, & les
qualités n’ont rien que de diſtingué ; &
ſi le ſort ne l’a pas placé dans la claſſe
des grands Seigneurs, eſt-ce un défaut,
une excluſion au mariage ? Non ma
Lucie, ma raiſon me dit que le préjugé
ſeul eſt un vice.......
Que vais-je vous apprendre, ma chere & tendre amie, que vais-je vous apprendre ? Depuis trois jours je n’ai plus d’expreſſions que mes ſanglots ; mes yeux me refuſent juſques à la triſte conſolation de verſer des larmes ; la ſource en eſt tarie, & mon cœur deſſéché manque lui-même de ſoupirs.