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L’ÉTOURDI.


fait qu’une légere impreſſion. Mais ſon eſprit, mais ſon caractere ; mais ſa façon de penſer, & ce reſpect avec lequel il me parle depuis qu’il eſt ici. Voilà ce qui me touche, & ce qui achevera de me ſéduire........

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… Je ſuis encore toute effrayée. N’eſt-il pas venu dans ma chambre, ſous le prétexte de m’apporter un bouquet. J’ai voulu le renvoyer, j’ai refuſé avec dédain ſes fleurs, je lui ai reproché ſa hardieſſe… Ô ma Lucie ! il s’eſt jeté à mes pieds, s’eſt excuſé ſur la force de ſon amour, ſur la légitimité & la délicateſſe de ſes ſentimens, & ſur d’autres raiſons que le trouble où ſa préſence m’avait mis, m’a empêché d’entendre. Revenue à moi, j’ai voulu retirer ma main dont il s’était ſaiſi, & qu’il tenait étroitement ſerrée dans les ſiennes, en l’appuyant contre ſon cœur ; il n’a jamais voulu la quitter malgré mes menaces & mes efforts. Il l’arroſait de baiſers & de larmes, & il m’a juré, avec tant d’ardeur & de vérité,