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L’ÉTOURDI.


mens que j’éprouve, me le font connaître, & je ſens le beſoin que j’ai de me munir de principes inébranlables qui puiſſent répondre de toute ma conduite. Je ſuis réſolue de tout ſouffrir plutôt que de démentir, mon caractere ; je le connais, il eſt brûlant & ſenſible, & ſi je ſuis aſſez malheureuſe pour ne pas inſpirer au Chevalier le même penchant que je reſſens pour lui, & pour ne pas le trouver digne de ma tendreſſe, je n’ai d’autre avenir que la douleur. Mon ame n’eſt point de la trempe ordinaire, ſi elle aime c’eſt pour la vie.

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Combien de choſes ai-je à vous dire, mon aimable Lucie ! Que mon cœur eſt devenu tendre & enflammé pour l’objet qu’il fuyait & qu’il redoutait tant ! Le Chevalier, eſt à la campagne avec nous. Quelle différence de lui à tout ce que j’ai vu ! Je ne parle point de ſa figure, ni des graces de ſa perſonne. Je me flatte que vous me connoiſſez aſſez pour croire que ſi elles avaient été ſeules, elles ne m’auraient