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L’ÉTOURDI.


ce qui me reſte à vous apprendre dégagera davantage mon cœur, de cette enveloppe qui le voile, & vous le montrera dans tout ſon jour. C’eſt à votre amitié à en parcourir juſques au moindre repli, & à m’aider de ſes conſeils.

Après le ſoupé, il y eut bal. Ma mere qui m’engagea de danſer avec M. le Chevalier ***, me mit dans le plus grand embarras. J’eus toutes les peines du monde de finir un menuet. Mes jambes ſe dérobaient ſous moi, & les émotions dont mon cœur était agité, étaient ſi vives que je me crus cent fois prête à expirer.

Lorſque je fus au lit, un trouble auſſi agréable qu’il m’était nouveau me tint lieu de ſommeil. La figure du Chevalier ***, m’étoit ſans ceſſe préſente : je me plaiſais à me rappeler ce qu’il m’avait dit. La nuit ſe paſſa preſque toute entiere de cette ſorte ; & ſi[illisible] le jour, en paraiſſant, m’a cauſé quelque regret, c’eſt moins de n’avoir pas dormi, que crainte que la veillée n’eût altéré mes traits.

Jamais ma toilette ne m’a tant occu-