fleur de la beauté eſt dans tout ſon éclat.
Sa tête offrait ce bel ovale qu’on ne rencontre
preſque plus que dans les ſtatues
des divinités. Son front libre & ouvert
était également le ſéjour des graces, &
celui de la pudeur. Ses ſourcils formaient
un filet de soie recourbé qui couvrait
merveilleuſement de grands yeux bleux
& bien fendus. Un nez élégament proportionné
était au deſſus des roſes de
ſes deux joues qui, par leur arrangement
formaient dans ſa bouche cette grace
particuliere, qui n’eſt pas le ſourire,
mais qui en approche ; & quand elle
s’ouvrait, malgré ſa petiteſſe on appercevait
des dents dont l’émail relevait
encore l’incarnat de ſes levres vermeilles.
Enfin cette tête charmante était terminée
par un menton d’un ellipſe parfait, qui,
parce que Mademoiſelle d’Herbeville
était plus belle que jolie, ſe trouvait
dépourvu de foſſettes.
Mademoiſelle Roſe avait atteint ſa ſeizieme année. Depuis trois mois elle était ſortie du couvent où elle avait été élevée avec tout le faſte d’une perſonne qui eſt née dans le ſein de l’opulence,