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L’ÉTOURDI.


voiſin le même plaiſir dont je jouiſſais. Je cherchai à le réveiller. Le bruit que je fis, intimida ces filles, & leur fit lâcher priſe. Elles ſe mirent à courir dans le corridor, en pouſſant les cris les plus aigus.

En les voyant ſortir effrayées, je redoublai d’efforts pour réveiller ce qui n’était que trop endormi. Je ne ſentis aucun mouvement. Je ne touchai qu’un corps froid comme la glace, je m’apperçus que c’était un cadavre. Connaiſſant par cette découverte la cauſe de la peur de ces filles, je ſautai hors du lit, & la lampe à la main, je m’en fus par la même route qu’elles avaient tenue.

Elles avaient déjà donné l’allarme. Tous les locataires paraiſſaient en chemiſe. Les uns munis de grands couteaux de chaſſe, d’autres ayant à la main un grand fouet, ou une épée, ou un morceau de bois, tout le monde était armé.

Les plus faibles eſprits crurent ces filles, & me prenant pour un revenant des ſombres bords, ils me diſaient : ſi